Valoriser les différences : la force des besoins d’apprentissage diversifiés
Chaque classe est remplie d’enfants qui voient, pensent et apprennent à leur manière. Pendant longtemps, l’éducation s’est surtout concentrée sur ce qui posait des difficultés aux enfants, en particulier ceux ayant des besoins éducatifs particuliers. Pourtant, la recherche nous rappelle constamment que ces enfants apportent aussi des forces remarquables qui méritent d’être reconnues. Lorsque nous regardons l’enfant dans sa globalité, plutôt que de nous focaliser uniquement sur les défis qu’il rencontre, nous découvrons un potentiel qui pourrait autrement passer inaperçu.
Pourquoi les approches « taille unique » échouent
L’étude menée en 2005 par A. Gervasoni sur de jeunes élèves ayant des difficultés avec les concepts numériques met en évidence un point essentiel. Même lorsque des enfants partagent une même difficulté générale, leurs besoins d’apprentissage individuels peuvent varier considérablement. Certains ont besoin d’activités pratiques, d’autres d’un soutien visuel ou d’un temps supplémentaire. En raison de cette diversité, les programmes d’intervention rigides ou trop standardisés fonctionnent rarement. Les enfants s’épanouissent lorsque le soutien qu’ils reçoivent est suffisamment flexible pour s’adapter à leur profil d’apprentissage personnel. Cette recherche nous invite à repenser la notion d’élève « typique ». Elle nous rappelle que des étiquettes telles que « en difficulté en mathématiques » nous renseignent très peu sur ce dont un enfant a réellement besoin.
Forces et faiblesses : une vision plus complète
Quelques années plus tard, Everatt et ses collègues (2008) ont étudié des enfants présentant une dyslexie, une dyspraxie, des difficultés d’attention ou d’autres différences d’apprentissage. Leurs résultats ont montré que les enfants de ces groupes présentaient des profils distincts de forces et de faiblesses. Lorsque les évaluations tenaient compte de ces deux dimensions, il devenait plus facile de comprendre le profil unique de chaque apprenant.
Cet aspect est important car cela change la manière dont nous soutenons les enfants. Un enfant dyslexique peut avoir d’excellentes capacités de raisonnement. Un enfant dyspraxique peut être extrêmement imaginatif. Un enfant ayant des difficultés d’attention peut être profondément curieux et très vif d’esprit. Lorsque les adultes reconnaissent ces forces et s’appuient dessus, les enfants se sentent plus confiants et plus motivés pour apprendre.
L’éducation inclusive comme état d’esprit fondé sur les forces
Des auteurs comme Ashman et Elkins (2002), ainsi que Loreman et ses collègues (2004), soutiennent depuis longtemps que l’inclusion fonctionne d’autant mieux lorsque les enseignants comprennent et valorisent la diversité. Au lieu d’attendre de tous les enfants qu’ils suivent le même parcours, les pratiques inclusives encouragent la flexibilité, l’empathie et la créativité. Cette approche ne bénéficie pas seulement aux enfants ayant des besoins d’apprentissage identifiés. Elle aide tous les apprenants en créant un environnement de classe où les différentes forces sont reconnues et célébrées.
La participation augmente lorsque les forces sont valorisées
Les enseignants qui adoptent des approches fondées sur les forces observent souvent des niveaux d’engagement plus élevés. Beneke et Ostrosky (2009) ont constaté que lorsque les classes utilisaient cette façon de faire, les enfants ayant des besoins d’apprentissage diversifiés devenaient des participants plus actifs. Ils interagissaient davantage avec leurs pairs, montraient une plus grande confiance en eux et progressaient régulièrement, tant sur le plan social qu’académique. L’environnement d’apprentissage devenait un lieu où leurs compétences étaient reconnues, plutôt que masquées par leurs défis.
Cette idée est également soutenue par le travail de Jenifer Fox, Your Child’s Strengths (2008), qui souligne que le fait d’identifier et de nourrir les talents des enfants les aide à développer leur résilience et un fort sentiment d’identité. Lorsque les enfants se sentent valorisés pour ce qu’ils savent faire, ils deviennent plus disposés à s’attaquer aux domaines difficiles.
Créer une culture de classe qui célèbre les différences
Reconnaître les forces ne se limite pas aux évaluations ou aux interventions. Il s’agit de construire une culture de classe où chaque enfant se sent vu et reconnu. Voici quelques principes directeurs :
- voir l’enfant dans sa globalité: la difficulté d’un enfant n’est qu’un aspect de qui il est. Son imagination, son empathie, sa mémoire, son humour, sa détermination ou sa créativité sont tout aussi importants.
- rester flexible: les enfants ayant des besoins d’apprentissage diversifiés ne suivent presque jamais le même schéma. La flexibilité offre aux enseignants l’espace nécessaire pour s’ajuster et répondre à ce que chaque apprenant manifeste sur le moment.
- utiliser les forces comme point de départ: si un enfant apprend mieux en bougeant, en imaginant, avec des supports visuels ou par l’exploration pratique, ces forces peuvent devenir la porte d’entrée vers de nouveaux apprentissages.
Conclusion : La différence nous rend plus forts
Les recherches sont claires. Les enfants ayant des besoins d’apprentissage diversifiés apportent des forces précieuses qui doivent être reconnues et cultivées. Lorsque les éducateurs cessent de se concentrer uniquement sur les difficultés pour adopter une vision plus complète et équilibrée de chaque apprenant, les classes deviennent plus inclusives et plus efficaces.
Valoriser la différence ne signifie pas ignorer les défis. Cela signifie comprendre que chaque enfant a quelque chose à apporter. Lorsque nous nous appuyons sur les forces des apprenants, nous les aidons à devenir des individus confiants, conscients que leurs différences ne sont pas des obstacles mais des sources de puissance.
Sources:
Ashman, A., & Elkins, J. (2002). Educating children with diverse abilities (2nd ed.). Pearson Education.
Beneke, S., & Ostrosky, M. M. (2009). Teachers’ views of the efficacy of incorporating the project approach into classroom practice with diverse learners. Early Childhood Research & Practice, 11(1). https://ecrp.illinois.edu/v11n1/beneke.html
Everatt, J., Weeks, S., & Brooks, P. (2008). Profiles of strengths and weaknesses in dyslexia and other learning difficulties. Dyslexia, 14(1), 16–41. https://doi.org/10.1002/dys.342
Fox, J. (2008). Your child’s strengths: Discover them, develop them, use them. Viking Press.
Gervasoni, A. (2005). The diverse learning needs of young children who were selected for an intervention program. [Doctoral dissertation, La Trobe University].
Loreman, T., Deppeler, J., & Harvey, D. (2004). Inclusive education: A practical guide to supporting diversity in the classroom. Routledge.